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COP21 : 3 questions à Laurence Tubiana, Ambassadrice pour les négociations climatiques

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Où en êtes-vous des négociations sur le changement climatique ? Quels sont les points durs ? Les raisons d’y croire ? 

L. Tubiana : Je reste très optimiste parce que le contexte de préparation de la COP21 est sans précédent.

La France prend officiellement la présidence des négociations le 30 novembre prochain. Mais parce que ce travail de concertation et de mise en œuvre d’une nouvelle économie sobre en carbone est gigantesque, nous travaillons en coulisses depuis plusieurs mois déjà, avec le Pérou (présidence de la COP20).

A date du 17 novembre 163 pays, représentant environ 91% des émissions globales, ont soumis leur iNDC qui représente leur feuille de route opérationnelle pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est un signal fort, et on ressent une volonté réelle d’aboutir à Paris. Au-delà, la préparation des contributions a souvent entraîné un débat public plus large autour des choix industriels, agricoles et sociétaux dans tous les pays. In fine, et au-delà de la publication des contributions, ce processus a permis une sensibilisation qui portera ses fruits sur le long terme.

Il reste à travailler sur le texte de l’accord pour identifier des compromis et définir ensemble les paramètres d’un accord ambitieux et universel. Des consensus doivent encore être trouvés, notamment sur les moyens de mettre en œuvre d’une telle transition, en particulier dans les pays en développement. Sur le volet financier, un état des lieux des financements déjà disponibles pour les pays en développement a été publié à Lima. Nous sommes sur le bon chemin pour atteindre d’ici 2020 la somme de 100 Milliards de dollars pour les pays en développement.

Nous sommes donc dans une bonne dynamique, et tous les acteurs de la société civile sont concernés et se mobilisent pour la COP : industriels, investisseurs, collectivités locales et associations. L’accord de Paris se construit dès maintenant.

Qu’attendez-vous de Renault-Nissan ?

L. Tubiana : Opérer une transition vers un modèle de développement bas carbone, le seul qui permettra de contenir le réchauffement global en dessous des 2°C, implique la participation de tous. Chacun doit penser à se réinventer, et saisir l’opportunité, y compris économique, que représente la lutte contre le dérèglement climatique. Pour cela, nous devons admettre que notre avenir, mais aussi notre présent, doit passer par des modes de production et de consommation plus sobres en carbone.

Les entreprises ont leur rôle à jouer. Elles peuvent non seulement exiger des États un cap politique clair, qu’elles soutiendront par la suite, mais elles peuvent également s’engager concrètement en prenant des initiatives individuelles et volontaires (réduction des émissions, approvisionnement en sources renouvelables), ou en rejoignant des coalitions multiacteurs.

De nombreuses entreprises se mobilisent en ce sens, notamment à travers des initiatives multipartenariales, qui apportent dès aujourd’hui des solutions économiquement viables et qui permettront de lutter contre le dérèglement climatique. C’est le cas de l’Alliance Renault-Nissan, à travers notamment toutes les initiatives pour développer le véhicule électrique. C’est également possible en pensant de nouvelles solutions reposant sur des modes de production et de consommation plus sobres et vertueux, à l’image de l’économie circulaire ou de la consommation collaborative.

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On parle beaucoup d’inégalités face au climat. Quelle attention portez-vous à la question de la précarité en matière de mobilité dans le cadre des négociations ?

L. Tubiana : Les multiples rapports et analyses, en particulier ceux des scientifiques du GIEC, sont sans équivoque : le dérèglement climatique est l’un des défis majeurs du 21ème siècle. Il a en effet la capacité de ramener à zéro les progrès de nombreux pays dans leur lutte contre la pauvreté. Il peut aussi bousculer la géopolitique mondiale, en exacerbant les risques de conflit et de déplacement de populations, voire en provoquant la disparition de certains Etats.

Les pays pauvres soulignent qu’ils ont peu contribué au réchauffement de la planète, alors qu’ils en sont les premières victimes. Ils demandent donc aux pays « riches » de les aider sur le plan financier et technologique pour aller vers une économie décarbonée. Un engagement de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 a été pris, additionnant les crédits publics, parapublics et privés.

Pour les pays développés, la question de l’inégalité face au climat se pose également en matière de précarité énergétique. Car les plus défavorisés ont souvent aussi des difficultés de transport, qui les handicapent dans leur insertion sociale et économique Nous devons donc changer de modèle de développement de manière globale. La COP 21 doit et devra nous permettre d’avancer dans cette voie.

Merci à Laurence Tubiana !