De la Dauphine à la Floride
La Dauphine, véritable succès de l’usine de Flins, n’était pas restée à la porte de Paris, puisque le modèle traversa l’Atlantique pour fouler les terres de l’Etat de Floride. Venu voir comment se passaient les ventes chez l’oncle Sam en 1957, Pierre Dreyfus le P-DG de l’époque était venu accompagné de son Directeur des études Fernand Picard, bien utile pour affronter les fortes chaleurs.
Lors d’une entrevue avec son principal distributeur dans l’état, Wendelle Jarrard, ce dernier lui vanta le marché très spécifique des convertibles et l’idée fit rapidement son chemin qu’une version cabriolet de la Dauphine était envisageable.Les équipes de Fernand Picard ayant de leur côté fait leurs propres études sur le sujet, furent en mesure dès le 30 mai 1957 de proposer des esquisses dessinées par Ghia, de ce que pourraient être le coupé et le cabriolet sur une base de Dauphine.
Emballé, Pierre Dreyfus toujours présent dans le 22e Etat, déclara que si le projet devait voir le jour, le modèle prendrait le nom de Floride. La boucle était bouclée.
Un Flins succès
De retour en France, les conditions de la réalisation du projet furent posées par P. Dreyfus : quel prix, pour quel marché pour quelle usine ? En effet, si le marché des cabriolets était relativement restreint, il convenait d’élargir celui de la Floride en lui ajoutant un convertible (hard top) et un coupé. La cible : les jeunes et les femmes, ce qui donnait des couleurs gaies et vives et des pneus à flancs blancs. L’équation économique fut gravie avec le Ventoux, le moteur de la Dauphine, qui à l’arrivée donna un prix de 870.000 anciens francs, soit 13.000 de nos euros. Comparée à la concurrence, c’était 60% moins cher. Conséquence, le succès fut immédiat alors même que la production n’avait pas encore commencé.
L’usine de Flins toute occupée à gérer le succès de Dauphine ne pouvait accueillir sa dauphine la Floride. Elle fut donc envoyée chez deux fournisseurs, Chausson et Brissonneau & Lotz qui à leur tour virent la situation se compliquer quand l’accueil du public dépassa toutes les espérances. Basée sur une production de 75 unités par jour, cette dernière attendra les 250 !
Floride, initiales BB
Présentée en fanfare à la foire de New York de 1959, la Caravelle (ce nom d’un biréacteur incarnant le savoir-faire français ayant été préféré à Floride) dont la marraine n’était autre que la célébrissime Brigitte Bardot, engrangea pas moins de 13.000 commandes. Petit bémol, seuls les cabriolets découvrirent grâce aux yeux des américains.
Et vogue la Caravelle
La Floride qui cédera son patronyme en 1963 à Caravelle, a été produite à plus 117.000 unités pendant une décennie, sous toutes ses appellations : Floride (S, Type R 1092) et Caravelle (Type R 1131, 1100 Type R 11331, 100S Type R 1133) et arrêtera sa production en 1968.
De BB à CC
L’aventure américaine n’aura donc pas été qu’anecdotique pour Renault qui lors de son incursion en terres yankees suscita plus que de la curiosité. Le glamour à la française (la fameuse French Touch) allié à la technologie Made in France furent salués par un véritable engouement américain. Quelque 50 ans plus tard, en 2011, Renault rendait un hommage à la belle disparue en éditant une série limitée sur la base de la Mégane Coupé Cabriolet, dans une magnifique livrée ivoire, dans laquelle on pouvait y voir une seyante sellerie cuir rouge et ivoire. Son nom ? Floride bien sûr.
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Merci à Jacques Faucon pour la rédaction de cet article.