Quelles sont vos premières réactions à la suite de la publication des résultats financiers 1er semestre 2015 du Groupe RENAULT, annoncés ce jeudi 30 juillet ?
Les résultats du groupe sont bons et attestent de la bonne santé de l’entreprise. L’accélération de la croissance et la progression de la marge opérationnelle, à un niveau élevé, montre que le groupe a retrouvé le chemin de la croissance rentable. Cela ne veut pas pour autant dire que tout est parfait, la situation sur nos principaux marchés émergents reste un des points d’attention. Les investisseurs ne devraient pas être trop surpris par ces chiffres qui sont en ligne avec leurs attentes, ce qui témoigne de leur confiance dans notre capacité d’atteindre, voire de dépasser, nos objectifs.
Dans certains marchés émergents la chute des immatriculations continue, en particulier en Russie et au Brésil qui connaissent une baisse de presque 41% et 19 %. Pourquoi la situation persiste-elle, quelle est la raison et comment cela impact Renault ?
La situation de ces deux pays est difficile actuellement, mais pour des raisons différentes. Dans le cas de la Russie, l’économie est affectée par la chute du prix du pétrole et du gaz dont dépend fortement l’économie russe. De plus les sanctions à l’encontre de la Russie accentuent les difficultés conjoncturelles. La situation du Brésil est différente car le ralentissement vient plus d’une économie affectée par un fort endettement des ménages, une compétitivité qui se détériore et une hausse du chômage. Les ventes de Renault dans les 2 pays évoluent relativement en ligne avec les marchés. Le groupe a évidemment pris des mesures d’économie pour faire face à cette situation.
Parmi les principaux marchés européens du Groupe Renault, l’Espagne et l’Italie ont connu les plus fortes croissances. Comment expliquez-vous que nos voitures se vendent très bien dans ces pays alors que, malgré une légère baisse ces derniers mois, le chômage reste haut ?
Nos voitures se vendent effectivement très bien dans ces pays car le nouveau style de nos véhicules et les prestations offertes correspondent bien aux attentes de ces clients. Les ventes du groupe bénéficient aussi de marchés en forte reprise. Mais il faut se souvenir que ces mêmes marchés avaient fortement souffert lors de la crise de l’Euro avec des chutes spectaculaires. A titre d’exemple, citons le marché espagnol qui avait atteint un pic de 1,6M de véhicules avant de tomber à près de 0,6M au plus fort de la crise. Nous sommes donc toujours sur des niveaux assez éloignés des pics précédents.
Quelle est la différence entre « Résultat net – Part revenant aux minoritaires » et « Résultat net – Part revenant au Groupe » ?
Lors de l’arrêté des comptes vous arrivez à un premier solde qui s’intitule résultat net. Celui-ci intègre la totalité des bénéfices de toutes les entreprises du périmètre de consolidation du groupe. Or certaines entreprises ne sont pas détenues à 100% par Renault en raison d’actionnaires minoritaires. A titre d’exemple nous pouvons citer RSM, détenue à 80% par Renault et à 20% par Samsung. Les actionnaires de Renault n’ont donc droit qu’à 80% des résultats et non 100%. Ces 20 pourcents sont ce que l’on appelle les intérêts minoritaires. Une fois que l’on a déduit tous les intérêts minoritaires du résultat du groupe, nous arrivons au résultat net, part du groupe. C’est bien celui-là qui « appartient » aux actionnaires de Renault et sur lequel les investisseurs vont faire leur calculs de valorisation.
Quels sont les vrais challenges d’un Directeur des Relations Financières pour une société d’automobile en 2015 ?
La première mission des relations investisseurs est d’établir une relation de confiance entre l’entreprise et les actionnaires. Cela nécessite de les tenir informés de la situation du groupe dans le strict respect du cadre réglementaire.
Un des challenges est de faire comprendre aux investisseurs que le temps de l’industrie automobile est long et que les responsabilités sociales et économiques des constructeurs doivent être prises en compte dans la gestion de l’entreprise.
Merci à Thierry Huon !