Skip To Main Content
Chargement des données...
Accessibilité

Une architecte au service du design

Publié le

Quel est votre parcours et depuis combien de temps travaillez-vous chez Renault ?

Je suis architecte de métier. J’ai donc fait des études d’architectures en Allemagne et j’ai ensuite travaillé dans divers domaines : depuis l’événementiel pour des scénographies jusqu’au design, en passant par le bâtiment et l’architecture intérieure. Tout cela en agence, avant d’arriver au Design chez Renault il y a un peu plus de dix ans. J’évolue aujourd’hui au sein du département Identité Groupe, sur le suivi de projets comme la création de bâtiments pour nos équipes, le lancement du nouveau stand pour les salons ou bien encore le développement de décors intérieurs. Je travaille donc à la fois sur de grosses et de petites échelles.

Comment une architecte s’épanouit-elle au sein du département Design d’un constructeur automobile ?

C’est sûr qu’il ne faut pas chercher à faire de la « construction » pure mais le métier est à la fois riche et varié. Je travaille beaucoup sur l’architecture intérieure, sur les chartes identitaires et les univers des marques du Groupe Renault, en collaboration notamment avec les graphistes et les photographes impliqués sur chaque projet.

Ce qui est très intéressant ensuite, c’est de déployer une identité partout dans le monde, par exemple au sein de nos studios de design satellites en Inde, en Roumanie ou au Brésil.

J’apprécie également de travailler sur des projets annexes plus « divertissants » comme le Pop-Up store Initiale Paris du Palais Royal en 2015 pour lequel nous avions créé une gamme de maroquinerie pour homme. Ma mission est donc très riche.

Vous avez-dû être comblée lorsque Renault a eu l’idée de développer une maison avec le concept SYMBIOZ et une station avec le concept EZ-GO ?

C’est sûr qu’il y a pire comme projet pour une architecte ! Ce sont des projets qu’on ne rencontre pas tous les jours, ni tous les ans, quand on travaille chez Renault. Cela fait vraiment plaisir de relever de tels challenges, d’autant que ce fut très enrichissant.

Par exemple, pour la maison qui allait avec le concept SYMBIOZ, nous avons travaillé avec un cabinet d’architecte sélectionné sur concours ainsi que différentes agences françaises pour l’aménagement intérieur. Ce qui amène énormément d’échanges, souvent très riches, avec des experts et des créateurs.

Sur la station du concept EZ-GO plus précisément, quelles ont été vos sources d’inspiration ?

En général, on s’inspire de ce qu’on voit tout le temps autour de nous : mobilier, architecture, superpositions, lampes, etc. Il est d’ailleurs très intéressant de mélanger les échelles avec des éléments tout petits et d’autres beaucoup plus volumineux.

C’est ce qui s’est passé pour la station d’EZ-GO, puisque les principales sources d’inspiration ont été l’architecture préfabriquée et le mobilier urbain, mais aussi la pureté du design d’une table basse de salon que j’aimais beaucoup. Cette station devait pouvoir se fondre dans le paysage de la ville et sa taille être adaptée en fonction des besoins. L’idée n’a jamais été de créer une identité forte : il ne fallait pas de couleur criarde, il était hors de question de rajouter du « bruit visuel » dans la ville, etc. Il fallait cependant amener de la robustesse, ce que nous avons fait avec la teinte grisée des blocs de la station.

Cette teinte est la même que celle d’EZ-GO, mais en version mate et non plus brillante comme sur le véhicule. On retrouvait déjà cette unité entre l’objet et le véhicule avec SYMBIOZ et la teinte cuivrée de la carrosserie reprise sur le cylindre de la maison. D’ailleurs, nous avons vraiment travaillé dans la continuité par rapport à SYMBIOZ puisqu’on retrouve sur la plateforme de la station les performations du cylindre de la maison. Cela permet de donner une identité lumineuse à la station avec un halo venu du bas : quand la nuit tombe, la station ne disparaît pas, elle s’éclaire.

A l’heure où Renault affirme sa volonté d’aller aussi vers la mobilité partagée, les éléments de design et d’architecture prennent une importance d’autant plus forte.

Votre formation d’architecte vous sert dès lors encore plus lorsque vous avez à travailler, comme en ce moment, sur la mobilité du futur

Assurément. Il existe une vraie complémentarité entre l’architecture et le design automobile, même si ce n’est pas évident à priori. Il ne faut pas oublier que les villes sont assez statiques, qu’on ne peut pas vraiment changer leur structure. Mais on va pouvoir les faire évoluer, par une approche différente de l’architecture, en cherchant à améliorer ce qui génère de la pollution, du bruit, de l’encombrement, etc.

Un projet comme EZ-GO rentre dans ce cadre et c’est passionnant car c’est vraiment du concret : faire évoluer un objet d’aujourd’hui pour proposer des solutions pour désencombrer les villes et mieux se déplacer demain. Avec une voiture donc, mais aussi une maison avec SYMBIOZ et une station avec EZ-GO. Nous cherchons à connecter les éléments de notre vie pour trouver ces solutions, en regardant plus loin que la simple voiture.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune architecte qui aimerait travailler au sein d’un grand groupe ou d’une grande marque ?

Ce qui est toujours bien, c’est d’expérimenter différentes échelles. Ça aide énormément de pouvoir passer d’une grande échelle à une autre plus petite, et inversement. Pour des architectes qui travaillent toujours sur des éléments de la même échelle, ça peut être ensuite très compliqué de s’adapter. Par exemples des spécialistes du bâtiment n’auront pas forcément l’œil pour les petits détails s’ils passent ensuite en intérieur. Il faut pouvoir s’ouvrir des possibilités avec des expériences différentes : la scénographie, les événements, le dessin intérieur, etc.

Ça entraîne le cerveau et l’œil et cela permet ensuite, par exemple, de travailler sur la globalité d’une marque, de la faire vivre, de l’interpréter.

Et puis il faut être curieux, se cultiver, s’intéresser à des choses différentes. Personnellement je me passionne pour l’artisanat, notamment à la céramique et au tissage. C’est de la création manuelle mais ça peut aider à évoluer dans le domaine industriel car cela permet de trouver des idées, des solutions, pour des détails qui, sur un grand projet comme un concept-car, feront la différence.