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Alpine Elf Endurance Team : l’alchimie d’un bon équipage

26 avril 2022
3 MIN
Sport

Pas question de mener le championnat du monde d’Endurance sans pouvoir s’appuyer sur un équipage à la fois performant, complémentaire et en totale osmose… Directeur général de l’équipe Alpine Elf Endurance Team, Philippe Sinault nous explique la délicate alchimie qui préside à la constitution d’un bon trio de pilotes, tel que celui que composent Nicolas Lapierre, Matthieu Vaxiviere et André Negrão, les vainqueurs des 1000 Miles de Sebring.

PAR RENAULT GROUP

Certes, la légende des 24 Heures du Mans raconte qu’en de rares occasions, des pilotes ont réussi à s’imposer en monopolisant le volant pendant plus de 23 heures (Luigi Chinetti en 1949, Louis Rosier en 1950). Mais, de nos jours, une telle performance individuelle serait impossible tant le rythme des courses d’Endurance se rapproche de celui d’un sprint. Il est impératif de pouvoir compter sur un équipage, non seulement performant, mais en totale harmonie.

En Endurance, trois pilotes se partagent le volant d’une même voiture. La bonne cohésion de cet équipage est fondamentale pour la performance.

Philippe Sinault
Directeur général Alpine Elf Endurance Team

L’équipe avant le pilote

Une telle cohabitation n’est pas forcément évidente pour des compétiteurs qui ont été, pour la plupart, élevés dans le culte de l’individualisme en monoplace.

C'est vrai qu’en Endurance la démarche est différente par rapport à la monoplace où les pilotes cherchent avant tout à se distinguer sur le plan personnel, explique Philippe Sinault. En Endurance, l’important est de mettre l'équipe en avant. En plus de donner le meilleur d’eux-mêmes au volant, les pilotes doivent aussi savoir créer une dynamique, communiquer entre eux et surtout se mettre au service des uns et des autres. C'est vraiment la clé de la réussite. Cela demande une approche intellectuelle et psychologique différente d'un pilote de monoplace.

 

Le partage d’informations est essentiel pour que chacun des pilotes soit le plus performant possible

Converti à l’Endurance il y a une quinzaine d’années, Nicolas Lapierre confirme l’état d’esprit spécifique de cette discipline : « C’est le jour et la nuit ! En Endurance, tu as deux équipiers et tu ne souhaites qu’une chose : qu’ils aillent le plus vite possible alors qu’en monoplace tu ne penses qu’à les écraser le plus possible ! La philosophie est complètement différente... »

 

Le sens du compromis

Partager une voiture à trois impose, bien sûr, quelques compromis que nous dévoile Philippe Sinault : « Un pilote d’Endurance doit accepter de préserver les freins ou les pneus en vue du relais suivant, d’économiser de l’essence, de ne pas toujours disposer de pneus neufs... On est en permanence dans le compromis, mais dans un arrangement bienveillant où on pense à l'autre, tout en gardant à l'idée d’être le plus performant possible. Cela peut aboutir à des choix qui peuvent surprendre, quand on ne connaît pas bien. Par exemple, on doit souvent faire des sacrifices dans la position de conduite. »

Trouver des pilotes capables d’intégrer ces valeurs et de les partager harmonieusement avec ses équipiers n’est pas si simple. Dénicher un tel trio est la mission de Philippe Sinault : « Non seulement, je suis très impliqué dans le choix des pilotes mais je dirais même que c'est vraiment ce que je préfère dans mon métier », confesse-t-il. Certaines équipes se livrent à des analyses chiffrées très poussées des performances des pilotes, ou s’attachent à engager à des pilotes de certaines nationalités pour des raisons marketing ou bien encore privilégient des styles de pilotage similaires. Le directeur de l’équipe Alpine Elf Endurance Team a vite établi son critère numéro 1 en matière de recrutement : « Pour moi, la priorité c'est vraiment l'esprit d’équipe et l'état psychologique global de cette dernière. Il n'y a pas de clé, pas de recette précise… C'est beaucoup de ressentis, d'échanges et d'observations qui me permettent de me dire : "tiens, celui-ci serait compatible avec la dynamique que j'ai envie de créer." »

 

Philippe Sinault et les pilotes
Philippe Sinault et les pilotes qu’il a personnellement choisi pour mener l’A480 à la victoire

L’idéal est de créer un trio qui va tirer le groupe vers le haut : « Quand on a une bonne dynamique, chaque pilote aide les autres à progresser dans des domaines où ils ne sont pas forcément les plus forts au départ, analyse Philippe Sinault. C'est le côté vertueux d’une telle coopération qui permet à chacun non seulement de donner le meilleur de lui-même mais aussi d'évoluer sur le plan personnel. Et cette notion de partage vient décupler à la fois le plaisir et l'intensité du résultat. »

En misant à l’orée de la saison 2021 sur Nicolas Lapierre, André Negrão et Matthieu Vaxiviere, le Directeur général de l’équipe Alpine Elf Endurance Team ne s’est pas trompé : « Je me sens incroyablement fier d'avoir cette équipe-là. Leur fonctionnement a été parfait en 2021 et je ne me suis même pas posé la question d’un éventuel changement pour cette saison. »

 

L’équipage 2021 a été reconduit en 2022. Ils se connaissent par cœur

Un trio de choc

Au sein de l’équipe depuis 2016, Nicolas Lapierre joue un rôle de capitaine : « A chaque fois qu'il prend la voiture, on sait qu'il va, non seulement donner le maximum, mais qu’il va être d'une objectivité incroyable à la fois sur le comportement et sur son propre niveau de performance. C’est précieux », analyse Philippe Sinault.

Si le recrutement du pilote français, valeur sûre de la discipline, relevait de l’évidence, le brésilien André Negrão est arrivé en Endurance sur le tard, en rejoignant l’équipe en 2017, après une première carrière en monoplace : « C'est l'Endurance qui lui a vraiment permis de s'exprimer et de laisser éclater son talent parce qu'il a une vraie forme d'intelligence. Il aime partager et réussir en groupe. Il est devenu un élément indispensable à l’équipe. »

 

Nicolas Lapierre and André Negrão encourage Matthieu Vaxivière sur le bord de piste
Nicolas Lapierre et André Negrão encouragent Matthieu Vaxivière sur le bord de piste

Matthieu Vaxivière, quant à lui, a parfaitement su trouver sa place l’an dernier aux côtés de ces deux cadres de l’équipe : « Il avait une approche très monoplace, il y a encore peu, reconnaît Philippe Sinault. Mais, bien encadré par ses deux équipiers, il a découvert cette notion de fraternité avec nous l'année dernière et a prouvé être un très bon pilote d'Endurance. »

Après une magnifique saison 2021 ponctuée par six podiums, ce trio de choc a commencé la saison 2022 de la plus parfaite des manières : en remportant la première manche du Championnat du monde d’Endurance, à Sebring, au volant de l’Alpine A480 et en menant le classement général ! Pas de doute : Nicolas, André et Matthieu ont bien intégré les paramètres qui distinguent les pilotes d’Endurance de leurs confrères courant en monoplace.

 

Les joies de la victoire pour un équipage soudé, uni et efficace