Les compétences nécessaires à l’entreprise automobile de prochaine génération
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Dans un secteur automobile en pleine transformation, de nouvelles compétences sont âprement recherchées, concernant le véhicule électrique, le traitement des données, la cybersécurité, le recyclage des véhicules et de leurs pièces. Une révolution des métiers capitale pour Renault Group, engagé dans sa stratégie pour devenir une entreprise automobile de prochaine génération à la fois technologiquement à la pointe et inscrite dans un développement réellement durable. Patrick Benammar, Directeur de la Formation de Renault Group et Sylvie Dugenest, Directrice opérationnelle du Campus Industrie Circulaire de la Mobilité, nous éclairent sur ces nouveaux métiers et les compétences recherchées et nous expliquent quels programmes d’accompagnement et de formation doivent être mis en place pour faire face à cette gigantesque transformation.
Quels métiers et quelles compétences pour l’industrie automobile de demain ?
L’industrie automobile voit déjà de nombreuses compétences-clés se transformer. Pour Patrick Benammar, Directeur de la Formation de Renault Group, cette transformation des métiers n’en est qu’à ses débuts : « La mobilité de plus en plus connectée, les métiers du développement software sont voués à prendre de l’ampleur dans nos effectifs ». Les métiers du digital autour des aides à la conduite et des capteurs, de la cybersécurité automobile et des données (data scientists, data analysts, etc.) vont également se développer. En revanche, les véhicules thermiques étant interdits à la vente en Europe à partir de 2035, les compétences traditionnelles liées aux moteurs à combustion à essence deviendront moins importantes. « Pour autant, elles ne disparaîtront pas », précise Patrick Benammar. « On aura encore besoin de compétences en mécanique, ou encore pour effectuer des réparations ou recycler des pièces. »
De son côté, Sylvie Dugenest, en tant que Directrice opérationnelle du Campus Industrie Circulaire de la Mobilité, accompagne la reconversion des salariés de l’usine de Flins vers la mutation des activités industrielles de la ReFactory. Au cœur d’un projet pionnier autour de l’économie circulaire dans l’automobile, elle sait que les métiers de l’industrie automobile vont se transformer rapidement et souligne la nécessité de prendre ce virage avec agilité pour rester sur le marché. « On peut s’attendre à ce que l’économie circulaire se traduise par de nouvelles compétences liées aux métiers de la rénovation, à l’allongement de la durée de vie du véhicule, du rétrofit et du recyclage », estime-t-elle. Là, aussi, la transformation des métiers est significative, à l’image des carrossiers de l’usine qui, pour évoluer, devront apprendre travailler non plus sur des véhicules neufs, mais d’occasion. Sylvie Dugenest souligne également la nécessité de développer le démantèlement des véhicules, activité actuellement inexistante sur les sites industriels.
Quel accompagnement pour la transformation des métiers de l’automobile ?
L’évolution des métiers et la transformation des compétences passe forcément par un accompagnement des salariés. Du côté des Ressources Humaines, il convient donc de faire preuve de pédagogie et de mettre en place un véritable travail de proximité avec les managers de sites. Des témoignages de salariés sur les postes ainsi que des visites sur sites s’avèrent en effet un excellent moyen de rendre accessibles les nouveaux emplois. « Il y a cinq ans, quand on parlait de data dans l’industrie automobile, on recevait beaucoup de réactions étonnées ; aujourd’hui, les data analysts et les data scientists sont nombreux dans nos organisations » souligne Patrick Benammar.
Au sein du campus de l’industrie circulaire de la ReFactory de Flins – qui fait partie de la ReKnow University lancée par Renault Group – toutes les classes d’âge sont concernées, jeunes comme moins jeunes. Pour Sylvie Dugenest, il n’y aura pas de transitions si on ne s’occupe que des plus anciens : « Il faut que nous nous occupions dès maintenant des nouvelles filières à créer en matière de diplômes et de certificats afin que les jeunes puissent trouver leur place ». Cette approche vaut pour la partie usine ainsi que tous les métiers de l’écoconception en amont qui vont toucher davantage les ingénieurs et les étudiants en école de commerce.
Quelles formations en interne et en externe pour les nouveaux métiers ?
Il convient d’anticiper cette transformation des compétences et l’émergence de nouveaux métiers avec la mise en place de programmes de formation adéquats. « Notre objectif, en termes de transformation des compétences, est d’avoir formé au moins 15 000 salariés d’ici 2025. Ce n’est pas simple : cela nécessite souvent un effort personnel important pour se mettre à niveau », explique Patrick Benammar. Et d’ajouter : « Certains programmes de formation totalisent des centaines d’heures, mais nous proposons également des programmes plus courts permettant aux personnes formées de découvrir ces métiers voire de les aider à se reconvertir ». Des formations certifiantes ou diplômantes sont également proposées, pouvant inclure une immersion dans un environnement de travail nouveau, de la mise en situation et de l’apprentissage tutoré. Et Patrick Benammar de conclure : « L’accompagnement est un élément-clé pour soutenir la motivation des apprenants. »
Du côté de la ReFactory, le campus se veut ouvert sur l’extérieur, sur son écosystème territorial et de filière. « Nous avons noué des liens vers des ministères (le campus a obtenu le label d’excellence ‘Campus des métiers et des qualifications’) et d’autres partenaires publics comme les Universités Paris-Saclay et de Saint-Quentin-en-Yvelines ainsi que privés (Enedis, SGS, Valeo et Veolia) », explique Sylvie Dugenest. L’objectif est de préparer la transition de la filière, des métiers et des compétences pour pallier les problématiques communes en termes de besoins de formation avec d’autres acteurs. Il est également nécessaire de proposer une offre de formation agile et complète en synergie et en partenariat avec l’appareil de formation de l’éducation nationale, pour répondre aux besoins immédiats des entreprises.
Une démarche qui s’inscrit dans la continuité pour Renault Group, qui possède une histoire très ancienne avec la formation, puisque son premier centre de formation intégré date de 1926. « Notre rôle sociétal en tant que groupe a beaucoup évolué ces dernières années. Si nous ne faisons pas évoluer le système éducatif, nous courons le risque qu’il ne produise pas les compétences dont nous avons besoin. » conclut Patrick Benammar. C'est aussi un acte de responsabilité sociale revendiqué par le Groupe.