Renault, au diapason du son – épisode 2
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Dès le début du développement des premiers modèles électriques Renault, une série de questions inédites et passionnantes s’est posée à propos de leur silence de fonctionnement si caractéristique. Comment prévenir les piétons de l’arrivée d’un véhicule dont le moteur n’émet quasiment aucun bruit ? Comment produire un son d’alerte à la fois efficace et bienveillant ? Comment créer un design sonore identitaire de l’électrique tout en étant propre à la marque ? Laurent Worms, responsable de la stratégie audio chez Renault Group, nous détaille le processus de création d’un tel son appelé VSP. Et pour explorer la voix des véhicules électriques du futur, une visite à l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique musique), partenaire historique de Renault Group, s’impose !
PAR STEPHANE LAROCHE
Ce qui frappe, à bord d’une voiture électrique, c’est son silence. C’est pourquoi nous souhaitons habiller ce silence d’une voix.
Le son du silence
Dès ses premiers concept-cars électriques, Renault s’était inscrit en pionnier du développement d’un VSP spécifique. La concrétisation est venue en 2012, avec la version de série de ZOE, dont le son d’alerte devait signifier « je suis électrique, je suis avant-gardiste, je suis une Renault ». Mais il fallait un son qui soit aussi associé à Renault et à ses valeurs de bienveillance, centré sur l’humain ; un son identitaire qui serait déployé plus tard sur les autres modèles électriques Renault. « L’idée c’est bien entendu de prévenir les piétons sans leur faire peur ! Tout en associant positivement cette alerte à la voiture électrique et à la marque Renault. », précise Laurent Worms.
Une partition bien transcrite, des instruments bien accordés
Car le design sonore est un travail d’équipe. Il demande vision et technicité, patience et minutie. Il associe de nombreux métiers de Renault Group dont le Produit, le Design et l’Ingénierie. Il mobilise aussi des partenaires et experts extérieurs pour aboutir à la création d’un VSP. L’occasion de rappeler que le partenariat entre Renault Group et l’Ircam a débuté dès 1994, bien avant que Renault ne fasse le choix de l’électrique pour son futur automobile. Au passage, il semble que ce lien historique ait parfois créé des vocations : Laurent Worms et d’autres collaborateurs ont effectué leurs premières armes à l’Ircam avant de rejoindre Renault sur le sujet pointu de l’acoustique appliquée.
Mon rôle est de fixer un cap. Je m’appuie sur la richesse des retours de nos clients et sur les tendances actuelles pour écrire le cahier des charges sonore, en décrivant les ambiances et les évocations recherchées en phase avec notre ADN de marque.
Ce travail s’inscrivant dans une longue histoire de collaboration, il bénéficie de retour d’expérience et d’usage de plus de dix ans qui permet de définir et consolider des concepts forts comme l’intrusivité. Le but est de répondre à un besoin essentiel en termes d’écologie sonore : rendre le son le moins intrusif à l’intérieur du véhicule, pour plus de discrétion et de confort.
Un orchestre bien dirigé
Après les étapes de recherche, plusieurs directions ou propositions finissent par se dessiner. À ce stade, des questions voire des doutes ne manquent pas d’apparaître. Chacun risque de construire son appréciation sur ses goûts propres. C’est le premier écueil. L’autre piège est de vouloir concilier tous les avis … forcément inconciliables. Aussi, le rôle du manager en charge de l’expérience sonore client est d’assurer la cohérence définie en amont et en équipe pour la défendre tout au long du projet. In fine, au moment de la décision, il est primordial que l’entreprise assume le caractère fort, voire clivant, du son identitaire retenu. C’est la condition pour un son distinctif, susceptible de s’inscrire dans la durée. Et c’est le parti-pris adopté par Renault.
Laurent WORMS : un expert audio doublé d’un musicien accompli
[caption id="" align="aligncenter" width="300"] Laurent Worms sur scène (Styledimage vfx)[/caption]
Renault Group et l’Ircam : plus d’un quart de siècle de partenariat
Fondé par Pierre Boulez, l’Institut de recherche et coordination acoustique musique est associé au Centre Pompidou sous la tutelle du Ministère français de la Culture. Depuis sa création en 1977, l’Ircam a pour mission fondamentale de susciter une interaction féconde entre recherche scientifique, développement technologique et création musicale contemporaine. Cette articulation constitue le principal axe structurant de l’ensemble de ses activités et s’incarne dans son laboratoire STMS qui déploie, au sein de ses sept équipes de recherche, différentes composantes des sciences et technologies de la musique et du son.