En 1919, l’île Seguin est en friche. Louis Renault acquiert cette dernière par parcelles. Jusqu’alors, la société possède des usines en bordure de Seine sur « le Trapèze » à Boulogne-Billancourt et sur la rive gauche dans le bas de Meudon. Quatre ans après la première acquisition des terrains, les grands travaux de construction de l’usine Renault de l’île Seguin commencent. Et il faut attendre 1930, pour que la production de véhicules au sein de la première usine insulaire du constructeur démarre. On y monte des voitures de tourisme, des poids lourds, des autobus et même du matériel ferroviaire.
Deux ans plus tard, en 1932, une nouvelle chaîne de montage voit le jour. Elle est vouée à apporter une plus grande diversité de production de véhicules 4 cylindres, désormais mythiques, comme la Celtaquatre et la Primaquatre, de véhicules 6 cylindres comme la Vivasport ou encore de véhicules 8 cylindres comme la Nervasport. Des bus et des camions sont également produits. À cette époque, Renault mise déjà sur l’innovation, y compris, au sein de de son usine. La firme va jusqu’à créer une piste d’essais en sous-sol de son paquebot. À l’époque, l’usine automobile Renault de l’île Seguin est la plus grande usine de France avec plus de 30 000 employés. Pourtant, la construction de la bâtisse est loin d’être terminée : elle ne s’achèvera qu’en 1937.
Après-guerre, en 1947, la production de la 4CV est lancée. L’usine Renault de l’île Seguin devient le symbole du côté populaire de la marque. En 1961, c’est au tour de la Renault 4 de voir le jour sur ces lignes devenues emblématiques. Cinq ans plus tard, Renault affiche un million de 4L produites au compteur de l’usine. La 4L est une affaire qui roule. Et, il est temps de pousser les murs de l’établissement pour faire de la place à de nouveaux projets. En 1967, l’espace au sol est optimisé et quasiment entièrement occupé. Qu’à cela ne tienne, Renault prend de la hauteur. L’usine se dote d’un cinquième étage voué à augmenter la capacité de production et moderniser l’atelier de peinture. En 1986, la marque renouvelle son offre d’utilitaires légers avec le Renault Express, dans une usine complètement rénovée. Relai de la Renault 4 fourgonnette, l’utilitaire connaît un succès qui le conduit à l’aube des années 2000. Entre-temps, un coup d’arrêt total de la production est donné. La chaine de production nécessite davantage de compétitivité et en dépit des améliorations apportées, l’édifice n’est plus adapté aux impératifs industriels des années 90. Les portes de l’usine se referment définitivement le 31 mars 1992. La Supercinq société est le dernier véhicule à sortir de la chaîne.
Mais, l’histoire entre Renault et l’île Seguin de Boulogne-Billancourt n’est pas terminée pour autant. L’île Seguin voit sa destinée modifiée. En 2017, elle accueille la Seine Musicale, un espace culturel, sur l’ancien site historique de Renault. Un lieu rassembleur où Renault Group a choisi de tenir son Assemblée générale des actionnaires de 2023. Enfin, le nouveau siège social du groupe ouvrira ses portes en 2026, en plein cœur du « quartier historique de Renault », face à l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. Situé à l’arrière du Bâtiment Pierre-Dreyfus, immeuble symbole situé à côté de l’emplacement du premier atelier de Louis Renault, le terrain situé en bordure de Seine est la dernière parcelle non occupée de l’ancien « Trapèze », qui, avec l’île Seguin, constituait l’usine Renault de Billancourt. Avec ce choix de lieu emblématique pour son nouveau siège, Renault Group marque son attachement à ses racines industrielles françaises et à son berceau de Billancourt.