Erigée à proximité de l’aéroport de Séoul, Songdo ne connaîtra probablement jamais les embouteillages homériques qui paralysent quotidiennement la capitale sud-coréenne. Dans les rues de cette ville nouvelle installée à environ 50 kilomètres de Séoul, des milliers de capteurs analysent le trafic pour détecter et prévenir tout risque de congestion, en adaptant en temps réel les instructions de navigation adressées aux conducteurs.
Songdo est une cité créée de toutes pièces par un consortium d’investisseurs privés. Leur ambition ? Tester en conditions réelles les infrastructures qui contribueront demain à l’avènement de la ville intelligente grâce à l’analyse permanente de toutes les données liées aux activités humaines.
Le cerveau informatique de Songdo exploite ensuite ces informations pour optimiser le fonctionnement des différents services publics : desserte en eau ou en électricité, transports en commun, administration municipale, etc. Ses concepteurs définissent Songdo comme une ville « ubiquitaire », c’est-à-dire une entité dont tous les systèmes sont imbriqués et interconnectés sur le modèle d’un organisme vivant.
À Songdo, on ne croise par exemple plus aucun camion-benne : tous les immeubles sont directement reliés par un système pneumatique à une centrale de recyclage cachée en sous-sol. La chaleur produite par cette dernière est récupérée puis redistribuée pour chauffer les bureaux et les logements. Partout, les usages sont scrutés et les consommations mesurées au plus près dans le but de maintenir un bilan carbone neutre, voire positif, à l’échelle de la ville.
On ne trouve également quasiment aucune place de stationnement en surface : tous les parkings sont souterrains, pour laisser un maximum de place aux aménagements urbains, aux piétons et à la verdure.
Retour sur la route : grâce aux innombrables caméras de sécurité qui surveillent la ville, le système est capable d’alerter automatiquement les secours si un accident survient. Il sait aussi dérouter les véhicules qui allaient emprunter l’axe concerné en interagissant avec les systèmes de navigation embarqués. Il peut enfin identifier la victime grâce à la reconnaissance de sa plaque d’immatriculation : les urgences accèdent ainsi sans délai à son dossier médical pour améliorer la prise en charge.
Si le modèle de la Smart City soulève des questions légitimes, liées par exemple au respect de la vie privée, il illustre bien comment la construction de réseaux intelligents permettra demain de fluidifier le trafic et d’optimiser la consommation des ressources. Pendant que Songdo poursuit son développement, ses concepteurs réfléchissent à exporter leur concept auprès de pays voisins comme la Chine ou l’Inde. Ils ont bon espoir que le modèle intéressera toutes les municipalités confrontées aux problématiques sociales et environnementales d’une urbanisation galopante.