Renault Group

Sur la route de la mobilité en Afrique

23 octobre 2019
7 min
1,3 milliard d’habitants. Le double d’ici 2050 et probablement le quadruple d’ici la fin du siècle. L’Afrique est sans aucun doute le territoire qui connaît la plus forte croissance mondiale. Un continent de potentiel, en plein mouvement, qui fait face à de nombreux défis : urbanisation, transition démographique, développement technologique, redéfinition de l’offre de mobilité... Ses enjeux diffèrent selon les régions, avec un exode rural qui entraîne son urbanisation et de grands besoins en mobilité. Pour Groupe Renault, c’est une zone majeure, une région de fabrication, de partenariats et de commercialisation.
par Thomas AUDEBERT

Après son road-trip en Asie, la rédaction de On’Air vous emmène en Afrique, au cœur de ses grands challenges automobiles de 2019... à 2050 !

Mobilité disparate, territoire de contrastes

En Afrique, le marché automobile est fragmenté. Tout comme sa croissance économique, florissante au Ghana et en Éthiopie, mais en récession au Soudan du Sud. L’essentiel de l’activité automobile se joue dans 4 pays :

Dans la région de l’Afrique subsaharienne, qui regroupe une quarantaine de pays, seulement 100 000 véhicules ont été vendus en 2017.

Charles Dovonou, Regional Strategic Product Manager au sein du Groupe Renault

Pour Charles Dovonou, Regional Strategic Product Manager au sein du Groupe Renault, ce constat s’explique en 3 facteurs principaux : 

  • Un développement économique encore trop faible. En Afrique subsaharienne, la population n’a en général pas les moyens de s’offrir un véhicule neuf. La voiture reste un produit de luxe dans beaucoup de pays. Et la production locale demeure faible, faute de demande et à cause de droits de douanes exorbitants pour les véhicules importés, jusqu’à 100% en Éthiopie par exemple.
  • Des aides au financement quasiment inexistantes. Lorsqu’elles existent les taux d’intérêts atteignent 20 ou 30%. Impossible pour la plupart des habitants des pays d’Afrique subsaharienne.
  • Des réglementations permissives concernant les véhicules d’occasion. Faute de véhicules neufs accessibles, les conducteurs se tournent vers des occasions importées à bas prix et parfois d’un autre âge. Un véhicule de 15 ans, peut être importé en occasion au Nigeria, par exemple.

On l’aura compris : l’industrie automobile dans une partie de cette région apparaît pour l’heure trop balbutiante, mais tout cela pourrait bientôt changer…

Multiplication des véhicules d’occasion
Vers des changements dans le secteur automobile en Afrique ?

L’Afrique, fabrique automobile ?

Face à ces enjeux, les pays membres de l’Union Africaine entament les réformes nécessaires pour favoriser l’essor de l’automobile. À commencer par la limitation de l’import de véhicule d’occasion.

Le Kenya par exemple, a restreint l’âge maximum d’un véhicule à 8 ans, et envisage de descendre ce seuil à 3 ans d’ici 2021, ce qui devrait diminuer l’offre de voitures d’occasion de mauvaise qualité.

Mais s’il n’y a plus de véhicule d’occasion dans une région qui ne compte quasiment que sur cela, comment dès lors se déplacer ? La réponse paraît évidente : il faut fabriquer des véhicules neufs !

L'Union Africaine regroupe la quasi-totalité des Etats du continentPour y parvenir, l’Union Africaine, qui regroupe la quasi-totalité des États du continent, développe un projet d’union économique pour faire sauter les barrières douanières parmi les pays membres. Ce projet intitulé African Continental Free Trade Area (ACFTA), a pour but premier de favoriser les échanges inter-pays et pourrait rebattre les cartes de l’industrie automobile.

Gràce à ce projet :

1. Des entreprises automobiles qui s’implantent
plus facilement dans la région.

2. Des créations d’emplois et
un fort développement économique.

3. Des facilités de ventes
avec l’abandon des barrières douanières.

4. Des véhicules neufs accessibles
au plus grand nombre.

Cap sur l’Afrique subsaharienne !

Fort de sa présence en Afrique du Sud, en Algérie, en Égypte et au Maroc, le Groupe Renault est le groupe automobile leader sur le continent africain et bénéficie d’une image forte. Au Maghreb, les usines de Tanger et d’Oran permettent une activité régulière et assurent sa présence.

Groupe Renault :

18%

des parts du marché en Afrique

En 2017, l’usine de Tanger a franchi la barre du million de véhicules produits.

Aujourd’hui l’ambition est de poursuivre ce développement dans les pays d’Afrique subsaharienne. Notamment au Nigeria. Annoncé en juillet, le partenariat avec le groupe local Coscharis permettra la fabrication et la distribution de véhicules dans le pays. Lancée au mois d’octobre, la production de Renault Logan et Duster se fait au sein d’une usine de Coscharis située à Lagos, tandis que le réseau commercial du Groupe permet l’arrivée de Renault Duster Oroch et de Kwid sur ce marché clef.

Partenariat entre le Groupe Renault et le groupe local Coscharis
Renault Duster sera l’un des véhicules assemblés au Nigeria en partenariat avec Coscharis.

Première pierre d’un projet ambitieux, la présence du Groupe Renault au Nigeria doit appeler d’autres partenariats similaires et profiter de la future zone couverte par l’ACFTA. Fort de la connaissance de ces territoires et de la volonté de toujours proposer des véhicules adaptés à ceux-ci, les opportunités de manquent pas.

Une mobilité à deux vitesses

Toutefois, l’heure n’est pas encore à l’angélisme. « Les infrastructures de certains de ces pays ne sont pas toujours au niveau, affirme Charles Dovonou. Les pays ont investi, mais les conditions climatiques et d’entretiens entraînent une dégradation rapide et nécessitent de nouveaux investissements difficiles à supporter ».

De même les transports publics n’existent quasiment pas dans la plupart des pays du continent. « La population se déplace surtout en deux roues, explique-t-il. Lorsqu’ils utilisent des transports en commun, on parle de véhicules surpeuplés sans aucune norme de sécurité ». Le développement de la mobilité doit donc également passer par une amélioration des conditions de circulations, surtout dans le contexte d’urbanisation que connaît l’Afrique.

Progressivement, on assiste également à l'émergence d'une classe moyenne solide.


Estimée à 350 millions d'habitants par la banque africaine de développement, la classe moyenne pourrait tripler et atteindre 1,3 milliard de personnes en 2060.


La classe moyenne se développe rapidement
Portée par sa jeunesse et sa démographie, la classe moyenne se développe rapidement.

Composée entre autres d’anciens expatriés, qui ont étudié à l’étranger et sont prêts à s’investir dans leur pays. Ils participent à l’émergence d’une nouvelle mobilité africaine, privilégiant la fiabilité d’un véhicule neuf. Mais cette transformation ne se fait pas sans heurt.

En novembre 2018, Romain Kouakou, Directeur Général des Transports terrestres et de la circulation de Côte d'Ivoire et invité du Forum Smart City du Grand Paris a rappelé que l’émergence de la classe moyenne dans son pays augmentait considérablement les véhicules en circulation, en dépit d’infrastructures insuffisantes en nombre et en qualité, pour une perte estimée à 400 millions d’euros par an. Si la mobilité est encore en développement dans de nombreux territoires africains, d’autres secteurs sont florissants et pourraient entraîner le développement automobile africain.

L’Afrique paie en smart !

Dans certains pays, l’apparition du smartphone a révolutionné les usages et le développement économique. Par exemple, connaissez-vous M-Pesa ? De M comme mobile et Pesa qui signifie argent en swahili, c’est un système de microfinancement via le téléphone portable, qui ne passe pas par un compte bancaire. Lancé au Kenya, il y a quelques années, en 2007, il a révolutionné le paysage marchand dans cette région et fait des émules. Charles Dovonou nous explique la force de ces entreprises locales. « Les systèmes de paiement mobile, comme M-Pesa, Orange Money ou MTN Money représentent 350 millions d’abonnés sur le continent, et cela ne cesse d’augmenter, grâce à la démocratisation du smartphone. Ce sont des entreprises qui ont compris la mentalité et la culture de ces pays et l’on peut penser qu’à plus ou moins long terme, cette disruption va bouleverser le paysage de l’automobile en Afrique ».

La technologie au service des villes

Plutôt qu’une révolution industrielle, l’Afrique connaît aujourd’hui une révolution des services, en particulier via la technologie. Le Rwanda, par exemple se transforme en hub technologique. Kigali est d’ailleurs en charge d’un groupe de réflexion réunissant différentes villes pour un projet intitulé « Smart Cities & Communities ».

L'Afrique connaît aujourd'hui une révolution des services
La smart city de demain sera aussi africaine.

On compte 9 villes de plus de 5 millions d'habitants en Afrique, 22 d’ici 2050.

Pour accompagner ce changement, certains pays ont déjà commencé à développer leurs propres smart cities, qui doivent devenir des centres d’excellence dans les secteurs porteurs. L’un des principaux projets est basé au Kenya : Konza Technology city. Situé à quelques dizaines de kilomètres de la capitale Nairobi, il comprendra un campus de recherche, des incubateurs et des start-ups. Des géants du numérique comme Google ou IBM s’y implantent déjà. Et d’autres pays suivent le mouvement comme le Bénin avec sa Sèmè City. Des installations intelligentes pour pousser l’Afrique sur le devant de la scène internationale et dessiner son avenir, entre innovation et réalité.

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