Pour la marque Renault, le chemin est tout tracé : en Europe, à l’horizon 2030, elle ne commercialisera plus que des modèles 100 % électriques. Une initiative qui permettra de réduire à zéro les émissions de CO2 à l’usage de ses véhicules vendus. Mais c’est bien sûr insuffisant, le but étant de décarboner les véhicules sur l’ensemble de leur cycle de vie. Et le début de ce cycle, c’est leur fabrication !
« Pour la fabrication, nous visons la neutralité carbone dès 2025 pour le pôle ElectriCity, dès 2030 pour les sites de fabrication en Europe et en 2050 pour l’ensemble des implantations industrielles dans le monde », explique Nicolas Estebe, Directeur de l’Ingénierie de Production Système Industriel et Support pour Renault Group.
La décarbonation, il y a quelques années n’était pas forcément un sujet à l’ordre du jour. Le sujet de l’efficacité énergétique était certes présent mais aujourd’hui, dans le contexte actuel de tension autour de l’énergie et de la nécessité de réduire l’empreinte carbone des activités industrielles, il s’agit de mettre en œuvre une feuille de route jalonnée.
Nous voulons diviser par deux les émissions de CO2 liées à nos sites industriels en 2030 dans le monde. Notre programme concerne l’ensemble des sites du Groupe, sur les quatre continents où nous sommes implantés, avec des objectifs déclinés par zone géographique. Les enjeux sont élevés en Europe mais notre stratégie est globale. Ces objectifs ambitieux nécessitent de choisir nos orientations dès maintenant.
Pour atteindre cette performance énergétique et surtout l’inscrire dans la durée, Renault Group s’appuie sur son savoir-faire dans le domaine du digital. Plus de 8 000 capteurs connectés ont déjà été implantés pour enregistrer les informations liées à l’énergie. Grâce à ces capteurs, il est possible de contrôler la consommation des installations. Cette vision en temps réel permet d’assurer un suivi et de réagir en cas d’alerte. Ainsi, avec ce monitoring précis, Renault Group vise une réduction de sa consommation de 25% d’ici 2030 dans l’ensemble des usines.
Mais si l’analyse de la consommation reste essentielle, il faut travailler sur d’autres leviers et notamment celui de l’approvisionnement en énergie renouvelable. Pour éviter le recours aux énergies fossiles, et effectuer cette transition vers le renouvelable, le Groupe s’entoure de « spécialistes de l’énergie ».
« Se passer du gaz reste un gros challenge pour un industriel comme Renault Group, mais les solutions existent et nous avons le savoir- faire » rappelle Nicolas Estèbe. « Dès 2012 nous avons mis en place l’usine net zéro de Tanger, usine totalement décarbonée ».
Mais ce qui peut se faire sur une usine construite de toute pièce n’est pas toujours aisément duplicable lorsqu’il s’agit de transformer l’existant.
Ainsi Renault Group travaille avec différents acteurs, comme Iberdrola en Espagne, pour l’approvisionnement de l’ensemble des sites de ce pays. Ce réseau de partenaires accompagnera le Groupe pour un déploiement plus large par la suite.
Enfin, des solutions sont mises en place pour arriver à produire de la chaleur -et donc de l’énergie- sur les sites. Pour cela, différentes alternatives sont à l’étude : *biomasse, *géothermie, *méthanisation, etc.. L’objectif est d’avancer au cas par cas, selon la pertinence de la solution par rapport à l’implantation de l’usine.
Le challenge est élevé mais la dynamique est lancée et entraine même les fournisseurs dans cette spirale vertueuse. Les équipes sont motivées et prêtes à relever le défi.
* La biomasse est, la part biodégradable de tous les déchets issus de l'agriculture, de la sylviculture et de l'industrie, mais aussi des déchets ménagers
L'énergie géothermique dépend de la chaleur de la Terre. Cette énergie permet de fabriquer de l'électricité dans les centrales géothermiques, grâce à l'eau très chaude des nappes dans le sous-sol de la Terre.
La méthanisation est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène.